Notre nouvelle recrue est arrivée le 11 janvier. Le travail avec elle est très progressif mais avance à grands pas. Chaque jour nous explorons de nouvelles expériences.

Pas à pas je lui propose de monter sur son dos à cru en box, le lendemain, la même chose en piste. Elle est attentive mais n’a pas de réaction de rejet.

Dans les semaines qui suivent elle est longée 20 minutes tous les jours, chaque jour elle prend un peu d’endurance et semble prendre plaisir à proposer des solutions face à mes  demandes. Elle trotte et galope à la voix. Son seul « défaut » actuellement : elle a tendance à se réfugier tout contre moi dès que je lui demande de reprendre le pas. Même si ce comportement est très touchant et bien agréable, il faut que je veille à rectifier pour qu’elle respecte bien mon espace qu’elle a tendance à envahir en douceur.

Nous poursuivons les nouvelles expériences : après quelques  jours je lui place une bride avec un filet en bouche. C’est nouveau mais elle accepte. Ensuite je la monte à cru en piste. C’est un moment très fort en émotion pour moi. Elle marche, guidée par mon mari, son dos est très fin, l’équilibre est précaire mais ses mouvements lents me permettent de rester en place, bien accrochée à son encolure.

Autre jour, autre étape : je la longe avec une selle sur le dos, sans étriers dans un premier temps et avec des étriers qui lui touchent les flancs dans un second temps.

Pour poursuivre pas à pas, elle est longée non plus au licol mais avec une bride et un mors. Elle ne connait pas mais comprend très vite que cela ne lui fait pas mal et réagit très bien.

Récapitulons : le cavalier : ok. La selle : ok. La bride : ok.

Il semble que la prochaine étape pourrait être de tout réunir : lui mettre une selle, une bride et enfin me retrouver sur son dos pour faire au moins un peu de pas et commencer à lui apprendre les aides (mains, jambes, attitude corporelle). Après 4 semaines c’est chose faite, nous avons fait nos premiers pas ensemble et elle a même trotté un peu !

Toutes ces étapes font partie du débourrage. C’est une première pour moi. Même si je ne m’en étais pas rendu compte durant ma formation, c’est à la ferme équestre de Louvain-la-Neuve que j’ai « appris » à faire cela. Et pourtant nous n’avons jamais abordé le thème du débourrage d’un cheval. Mais nous avons appris à observer, comprendre les mécanismes d’apprentissage du cheval, décoder ses attitudes, être attentif aux nôtres et à leurs effets. A partir de là, en étant soucieux du bien-être du cheval et en se fiant à nos observations, on peut faire beaucoup de choses avec beaucoup de chevaux. Et c’est diablement passionnant !

J’entrevois l’étendue des possibles et des aventures qui m’attendent avec un plaisir intense.

C’est une des dimensions que j’aime partager avec mes patients qui grâce à Khella, bientôt à Nadjheila et grâce aux autres chevaux peuvent vivre des bulles de plaisir et de satisfaction, ou de frustration aussi parfois… pour mieux revenir la prochaine fois et revivre une expérience magique à la rencontre des chevaux.